Jeux Videos et Musique
Voici pour le plaisir des yeux, et surtout des oreilles, un petit article sur la place de la musique au sein des jeux-vidéos. Je parle ici de bandes originales de jeux, et non pas des jeux musicaux tels que Guitar Hero ou Singstar. Il s’agit bien de musique composée spécialement pour un jeu, et non pas comme dans d’autres cas de jeux possédant des titres musicaux connus, tel que Def Jam ou Tony Hawk.
Le novice voit alors où je veux en venir et craint déjà de voir un exposé sur des musiques qui font « bip bip ». Justement, non : la technologie aidant, les jeux n’étant plus sous un format de stockage médiocre, ni programmés au fond d’un garage par trois geeks hilares comme dans les années 80, les développeurs de jeux font désormais appel a de véritables artistes dans le domaine de la musique pour améliorer l’ambiance de leurs titres.
Je précise ici que j’éviterais soigneusement les compositeurs japonais, pour la simple raison qu’il faudrait une thèse entière rien que sur les OST de RPGs japonais. Voici donc pour commencer une petite histoire des bandes originales de jeux vidéos, pour voir comment on est passé du simple « bip tut tut pouet » à des orchestres symphoniques complets.
Petite histoire de la musique dans le jeu vidéo
En gros, dans la fin des années 70 avec des hits comme Pac-Man, on avait le droit a un petit jingle sous forme de bip-bip sur l’écran de démonstration de la borne d’arcade, ou pour signaler le passage entre deux niveaux. Plutôt rudimentaire a l’époque, hein? Surtout que les morceaux de musique étaient confiés a un programmeur qui devait coder tout ça en langage directement, et ils n’avaient pas pour ainsi dire un talent inné de compositeurs.
Vers le milieu des années 80, avec l’arrivée de la Famicom au sein des consoles de salon (autrement appelée la NES, ou Nintendo Entertainment System), on commence a se soucier un peu plus des oreilles des joueurs en confiant la musique de certains jeux a des personnes connaissant un tant soit peu la musique. C’est le cas de Koji Kondo (Super Mario Bros.) ou de Nobuo Uematsu (Final Fantasy). Le canal musical partage toujours sa place avec les effets sonores du jeu (un son en jeu qui prend la même fréquence qu’une tonalité de la musique accaparera la place, en gros, créant des « sautes » de musique) ceci du surtout aux faibles capacités de stockage d’une cartouche de jeu et aux moteurs peu puissants des consoles de salon.
On commence a voir vers la fin des années 80 l’apparition de l’échantillonnage sonore sur les PCs familiaux (le Commodore Amiga par exemple). L’échantillonnage c’est quoi? Grosso-modo, au lieu de dire a la machine de générer des bips a intervalle régulier et a fréquences diverses, on pré-enregistre des « bouts » de son et on les fait jouer a la suite sous des fréquences différentes. Ça donne l’illusion d’un son multi-canal, entre autres. Seulement, a l’époque, on enregistre encore les données sur disquettes et cartouches, et le moindre kilo-octet d’espace est essentiel. Tout ça évoluera doucement, en passant par la SNES, capable de supporter 8 canaux de sons échantillonnés. On teste des effets musicaux et sonores, on expérimente un peu… Seulement, le manque de place pousse a ne pas trop s’emporter, le format « cartouche » étant une fois de plus utilisé.
La dernière révolution qui permettra enfin aux développeurs de se lâcher un peu, se situe vers la fin des années 90. Il s’agit de l’avènement du CD-ROM, qui permet une place de stockage de données bien supérieure aux cartouches habituelles des consoles de salon. Les développeurs peuvent enfin placer directement sur le CD des plages musicales encodées pour le jeu voire des vidéos entières. Du petit jingle monophonique aux bandes originales tapageuses actuelles, tous ces petits airs ont formé une sorte de culture musicale sous-jacente au monde du jeu vidéo, entre le geek qui va recopier le thème de Super Mario sur son ukulélé, et les concerts philharmoniques pour fans qu’on peut trouver au Japon…
Bandes Originales célèbres
Bon après cette petite vulgarisation postée ci-dessus, voila un peu le gros de ce dossier : présenter BOs et airs connus du monde du jeu vidéo aux néophytes. J’ai fait une sélection rapide parmi les plus connus (et évidemment, mes gouts ont aussi un peu influencé mes choix). Aucune crainte, j’ai tapé dans des BOs relativement récentes et écoutables, pas sur les jingles de bornes d’arcade du début des années 80.
Peut être le nom de Frank Klepacki vous dit-il quelque chose ? Il s’agit du compositeur qui a aidé a donner ses lettres de noblesse au jeu d’EA Games/Westwood, Command & Conquer. Souvenez-vous, en 1995, un jeu de stratégie débarque sur PC, bouleversant les codes du genre, attirant à lui une foule de gamers endurcis.
A l’époque édité par Westwood Studios, racheté en 1995 par Electronic Arts, le jeu dispose d’une bande son assez inhabituelle pour un jeu vidéo : un mélange de rock industriel et de musique électronique détonnant qui restera dans la tête de biens des généraux en herbe. Klepacki n’en est pas a sa première bande originale, vu qu’il a travaillé sur bon nombre de projets de la boite, comme Dune II, ou Eye of the Beholder II, deux classiques que les gamers de la première heure doivent connaitre. Celui-ci assurera la musique sur toutes les séquelles de Command & Conquer, ainsi que sur Red Alert. Qui n’a jamais pilonné une base des Alliés à grand coup de Tank Mammouth sur la célèbre Hell March ?
Si vous ne connaissez pas la série Hitman, peut-être avez vous vu l’infâme étron paru sur grand écran courant 2007 ? Sachez que le jeu en question met en scène le mystérieux 47, tueur a gages froid et furtif. Outre le côté jouissif d’étrangler un sombre sbire a la corde de piano, le jeu a aussi marqué son public par une bande originale fantastique, composée par Jesper Kyd. Mélange d’influences, du Parrain à l’acid-jazz, en passant par les chants grégoriens, l’ambiance sonore de la série a contribué a sa réussite.
Hitman 2 a même eu le droit aux 110 musiciens du Budapest Symphony Orchestra and Choir. Notons au passage que la aussi, le monsieur n’en est pas a ses premières compositions, et qu’il a entre autres participé a celles de Gears of War, Freedom Fighters et Assassin’s Creed.
Bon, votre serviteur a beau posséder une XBOX 360, il n’a jamais joué a Halo. Je ne suis donc pas très bien placé pour vous parler de ce jeu. Disons juste qu’il s’agit d’un FPS situé dans un univers space-opéra assez violent, et qu’il s’agit du titre phare de la console de Microsoft. Et comme toutes les grosses séries phares, la trilogie Halo possède un compositeur de talent, Martin O’Donell, entre autres compositeur pour le jeu de stratégie Myth.
Ce qu’il y a a noter sur cette BO, c’est surtout le thème principal du jeu Mjolnir Mix qui est sur les baladeurs MP3 de tous les hardcore gamers ‘crosoftiens. La musique du jeu étant dynamique (elle change sensiblement suivant la phase de jeu : action, recherche, suspense, etc…), la soundtrack a été réorganisée par le compositeur. Pour Halo 2, on trouve même un morceau de Hoobastank, un autre de Breaking Benjamin et un d’Incubus…
Ok, j’avais dit plus haut que je parlerais pas des compositeurs japonais. Mais la, en l’occurrence, il s’agit d’une BO assez originale (ha ha), celle de la série Guilty Gear. La musique de ce jeu de combat sanglant, composée par Daisuke Ishiwatari est très fortement orientée vers le Heavy metal mélodique, comprenez de gros riffs de guitare électrique, mélangés à un jeu de claviers d’orgue électronique comme les japonais savent si bien faire.
Ok, le jeu possède sa dose de références à l’univers du rock (un personnage qui ressemble bizarrement à Axl Rose, d’autres qui sont nommés suivant les noms des membres du groupe Queen…) donc il fallait que la soundtrack colle a tout cç. Le résultat est une ambiance bien pêchue et rock’n’roll.
Évidemment, si l’on parle de BOs de jeux vidéos, on doit parler de la série WipEout. Ce jeu de course futuriste, jouant essentiellement sur l’adrénaline procurée par la sensation de vitesse et la joie de bousiller ses adversaires a coups de laser, possède une ambiance technoïde très poussée (ca ne plait pas a tout le monde).
Les deux premiers épisodes sont illustrés musicalement par le compositeur Tim Wright alias CoLD SToRAGE. On peut néanmoins trouver quelques morceaux d’autres petits groupes célèbres tels que The Chemical Brothers ou The Prodigy… Ca vous dit quelque chose ?
- Le site de Frank Klepacki
- Le site de Jesper Kyd
- Martin O’Donell sur Wikipedia
- Daisuke Ishiwatari sur Wikipedia
- Le site de CoLD SToRAGE
Quelques morceaux célèbres en plus…
Le nom Korobeiniki ne vous dit rien? Si vous n’ètes pas Russe, c’est normal. Il s’agit d’une chanson populaire slave basée sur un poème de Nikolai Alekseevich Nekrasov écrit en 1861. Il s’agit aussi du célèbre thème de Tetris (enfin, un des trois principaux), vous savez ? Le petit air qui reste dans la tête, la : « tin tindindin tindindin… »
Si vous voulez briller en soirée mondaine, voici toujours les paroles de la chanson originale, en attendant de trouver un des nombreux remix techno qui ont été faits sur cette variation.
Un autre morceau devenu populaire auprès des gamers de tous pays, c’est le morceau Grabbag initialement composé par Lee Jackson pour le jeu vidéo Duke Nukem 3D. Il s’agit plus ou moins du thème de la série, le morceau qui se joue a l’écran titre sur la plupart des versions PC et console.
Du petit air en MIDI, on peut trouver une reprise de ce morceau par … Megadeth. La reprise en question est même particulièrement populaire sur le net, en attendant le prochain épisode de la série qui bat le record du jeu le plus long a avoir été développé…
Je termine sur un morceau très récent, il s’agit de celui des crédits de fin de Portal. Ceux qui ont terminé ce jeu diabolique savent de quoi je parle : il s’agit de Still Alive, composée par Jonathan Coulton, chantée par l’IA psychotique GLaDOS et servant de conclusion au jeu.
Pour ceux qui sont en train d’y jouer ou qui comptent le faire, les paroles de la chanson spoilent complètement la fin, donc vu qu’elle est a la fin de la playlist que je mets a disposition ici, je vous conseille de la zapper 😉
Je rajouterai même que Franck klepacki a refait toute la B.O. de Vangelis ( blade runner ) pour le jeu adapté ^^.
Sinon que de grands noms 😀 que de grandes musiques ! Que du grand art !