Dragon Ball est-il un manga surcoté ?
Dragon Ball est le meilleur manga du monde
Vous avez probablement tous entendu cette phrase au moins une fois sur les réseaux sociaux ou de la part d’un ami. Si vous êtes un lecteur aguerri, vous avez donc probablement déjà eu ce débat pour savoir si Dragon Ball était finalement un si bon manga ou si la nostalgie et tout le marketing autour n’influençait pas votre avis sur cet oeuvre.
Une histoire de génération
Pour avoir cette discussion avec quelqu’un il faut aussi prendre en compte plusieurs facteurs : Le nombre de mangas qu’il/elle a vu ou lu et son âge. J’évite tout de suite de parler de préférences selon que vous soyez un homme ou une femme, à mon sens ça ne va qu’attiser un sous débat qui n’est pas l’objet de cet article.
Pourquoi je parle de quantité d’oeuvres lues ? Tout simplement, car on ne peut comparer une série que lorsque l’on en a suffisamment lues pour permettre de définir l’une d’entre elle comme étant la meilleure. Si tu as lu trois mangas dans ta vie et que tu discutes avec quelqu’un qui en a lu cent, évidemment ton avis n’est certes pas mauvais mais l’objectivité en est réduite.
Concernant l’âge, il faut ici faire appel au facteur nostalgie et « première découverte ».
Si vous êtes né dans les années 70 votre héro est probablement Goldorak, dans les années 80 Dragon Ball, dans les années 2000 Naruto et One Piece et ainsi de suite… Selon votre âge, ce qui passait à la télévision, la régularité avec laquelle vous regardiez vos dessins animés ou les publications mises à disposition de l’époque, votre oeuvre de référence n’est peut être pas la même.
Par exemple, mes enfants ont beaucoup plus été submergés parle le marketing et les jeux Naruto que Dragon Ball. Bien que je leur ai lu Dragon Ball bien avant Naruto, ce deuxième reste leur préféré.
Néanmoins, il ne faut pas mélanger popularité et qualité.
Un manga très basique qui n’est pas sans défaut
Car oui, un manga peut être apprécié, très lu, avoir un immense succès sans pour autant être oeuvre originale ou qui se démarque. Il suffit parfois d’un petit rien, pour qu’une musique, un film ou un livre devienne très connu et rencontré un énorme succès sans pour autant être prestigieux.
On pourrait parler du scénario mais je pense que la plupart d’entre vous sera d’accord pour avouer que celui-ci n’occure que peu d’intérêt tant il se répète : Tout va bien > Un méchant arrive > On s’entraine > On bat le méchant et on se transforme > Le méchant peut devenir un allier > etc…
Si les premiers tomes apportent une certaine fraicheur et innocence sans parler d’une franche technicité dans les combats, en avançant dans le temps Dragon Ball a effacé ce qui faisait son originalité pour devenir un gimmick de son propre scénario. Parlons alors d’autre chose…
Il va être difficile d’aborder « la qualité » d’une oeuvre car il faut prendre en compte le scénario, le style de dessin, la mise en page, les dialogues… Même si on ne prenait que le dessin comme critère, un style est un style, comme une oeuvre d’art, vous pouvez l’apprécier ou le détester. On peut se mettre d’accord sur le détail, les paysages, la gestion des poses etc… Mais globalement une oeuvre peut être « moche » pour certains comme « originale pour d’autres ».
Pour Dragon Ball, la majorité des gens sont plutôt d’accord pour dire que les dessins sont sympathiques mais ne se démarquent pas non plus par rapport aux autres mangas. Même si l’on prend en compte « le style » de l’époque et la façon d’encrer ou d’utiliser les trames, Dragon Ball est au mieux un manga agréable à regarder, mais rares sont les pages où vous serez estomaqués.
Si j’ai besoin de vous mettre d’accord sur un manga de la même époque, il suffira d’aller jeter un oeil à Berserk qui d’avis populaire propose des dessins magistraux.
Là je sens tout de suite les puristes me dire que l’on n’est pas sur le même segment de lecteurs alors je peux aussi vous citer Yuyu Hakusho dont les dessins et le style global est unanimement apprécié.
Mais évitons de comparer les mangas entre eux, ça serait jouer le jeu des trolls mais surtout peut on comparer deux oeuvres entre elles ?
Compare-t-on Picasso avec Monet ? Compare-t-on du Queen avec du Mozart ?
Non, une oeuvre se savoure pour ce qu’elle est. Même si on est influencé par nos autres lectures, c’est l’ensemble de ce qu’elle vous fait ressentir qui va créer sa qualité intrasec dans votre esprit. C’est sur ce point que Dragon Ball a réussi le tour de force : l’auteur a fait grandir ses personnages avec les lecteurs.
Dragon Ball un des premiers manga a faire vieillir ses personnages
Peu y pensent avec le recul car cela est devenu assez classique d’avoir des ellipses où l’on voit les personnages grandir, mais Dragon Ball est un des premier manga Shonen (si ce n’est le premier) à faire grandir / vieillir ses héros. La plupart des oeuvres de l’époque, se consomment comme étant intemporelles, les héros ne vieillissent pas, c’est d’ailleurs assez fréquent sur la plupart des oeuvres que ce soient les comics, BD Franco-Belge ou mangas. Il faut dire que la plupart des lecteurs ont besoin de repères, de s’attacher et de retrouver ce qu’ils aiment à chaque nouvelle publication. Les changements sont souvent source de déceptions mais aussi de maturité.
Quand Akira Toriyama décide de faire grandir Son Goku de 14 à 17ans puis le faire devenir adulte, parent etc… C’est une évolution naturelle du personnage que les lecteurs poursuivent. Pour les enfants de l’époque qui suivent la publication en directe, c’est aussi le personnage qui grandit en même temps qu’eux (nous les parents d’aujourd’hui). C’est aussi une volonté de l’auteur de faire évoluer les choses dans son oeuvre, comme toute la partie sexiste de Tortue Géniale / Kame Senin ou l’innocence et méconnaissance du monde de Son Goku.
Qu’on le veuille ou non, Dragon Ball est un des premiers mangas à proposer cette évolution et à casser l’histoire de base (un enfant qui cherche les Dragon Ball). Aujourd’hui, les auteurs n’hésitent plus à « casser » leurs histoires ou leurs personnages en tuant massivement plusieurs personnages principaux, en faisant des ellipses ou en changeant drastiquement certains traits physiques (oeil en moins, cicatrice etc…).
Comme pour les sitcom intemporelles, le manga peut faire vivre ses personnages éternellement tant que cela plait à l’auteur ou rapporte de l’argent (exemple Détective Conan qui en 100 tomes n’a pas pris une ride) ou alors faire évoluer ses personnages pour, tout doucement, indiquer aux lecteurs que tout n’est pas éternel et qu’une fin arrivera un jour.
Un manga qui perdure dans le temps grâce aux produits dérivés
Enfin et nous ne pouvons pas ignorer cet élément, Dragon Ball est une des licences les plus rentable du monde. Tout y est passé : jeux vidéo, jouets, cartes, vêtements… je pense que vous pourrez trouver à peu près n’importe quel objet usuel estampillé Dragon Ball.
Cette avalanche de produits entretien le lien entre les lecteurs et la licence. Même les non lecteurs connaissent Dragon Ball !
Ma mère n’a jamais lu ou regardé Dragon Ball mais connait le nom et reconnaitrait Son Goku
Tel un Pikachu, même si vous n’avez jamais vu ou lu Dragon Ball, vous ne pouvez pas passer à côté. Cette omniprésence perpétuelle, instaure une forme de nostalgie culturelle.
Dragon Ball c’est vieux mais c’est toujours là
Même si le manga s’est arrêté et a repris sous d’autres formes à plusieurs reprises, les fans ont toujours eu quelque chose à se mettre sous le coude. Malgré quelques creux dans la vague, Son Goku et ses amis perdurent dans les esprits et forcent un certain pan de la communauté des Otakus à vouer un culte démesuré envers ce manga.
Même si Dragon Ball n’est pas le manga parfait, il n’en demeure pas moins comme un pilier du genre et une licence mondialement connue. Les plus grands fans avoueront sans honte quelques égarements sur la licence (Dragon Ball GT ?) mais celle-ci est toujours présente et le manga continue d’attirer jeunes et moins jeunes. Dragon Ball au même titre que Tintin, Asterix ou Superman, est devenu au fil des ans une référence qui se transmet de générations en générations et qui lui permet de perdurer dans cette vénération quasi aveugle du manga suprême.