Les nouveaux Harry Potter : Les Magiciens
Pour rappel, « Les nouveaux Harry Potter » est une chronique pour ceux qui recherchent des histoires se rapprochant de plus ou moins près à l’œuvre de JK Rowling…
Je reviens sur quelques critiques littéraires (ça faisait longtemps) et je souhaitais vous faire partager une lecture récente qui m’a laissée un sentiment étrange, tant l’histoire a été à la fois riche et frustrante.
Introduction
On connait tous Harry Potter et la multitude de romans ayant essayé de s’en inspirer ou de le copier. Même s’il n’est ni le premier ni le dernier à parler de « magie », d’écoles fantastiques ou de relations entre adolescents, il est clair que le roman a pris une position de référence sur le secteur au même titre que Le Seigneur des Anneaux sur la Fantasy. Difficile donc d’innover sur le sujet, la Fantasy est inondée de millions d’orphelins (y a vraiment une malédiction sur les héros) avec des pouvoirs innés, qui vont devenir les meilleurs de leur école et sauver le monde…
Eh bien Les Magiciens relève le défi avec une maturité et un recul que je n’avais pas vu depuis longtemps sur un roman « jeunesse ». Lev Grossman s’est lancé le défi de créer un univers dans univers, sans pour autant s’attaquer à des légendes et des principes vu 1001 fois.
Les Magiciens narre « les aventures » de Quentin Coldwater, un adolescent un peu blasé de la vie habitant à Brooklyn. La fille qu’il aime en aime un autre, ses parents ne font pas attention à lui et pour boucler l’ensemble il est relativement doué à l’école ce qui lui donne un petit coté supérieur auprès des gens lambdas. Un jour où il devait passer un concours pour entrer dans une fac prestigieuse, il se retrouve comme par magie dans un lieu qu’il n’avait jamais vu à Brooklyn. Des grands jardins, un immense campus de style Victorien… Quentin se retrouve à Brakebills, un école de magie : concours d’entrée, curriculum vitae, professeurs renommés, école financée par des grosses entreprises. Brakebills est un peu l’école haut de gamme pour petits génies, car la magie dans notre univers n’est pas innée. Elle demande certes un potentiel latent mais il s’agit surtout de faire fonctionner des centaines de facteurs, des dizaines de langages et de calculs vectoriels pour modifier la réalité, la Magie est une forme de science !
Mais dans cette école tout le monde est un génie et Quentin va devoir travailler comme jamais pour s’y faire une place…
L’univers
Je ne décrirai pas plus l’univers de ce roman car je risquerai de vous gâcher une partie de l’intrigue mais comme dans un Harry Potter, le monde de la magie est parallèle : il est présent et inexistant à la fois. Ce qui est appréciable c’est que l’auteur a tenté de donner de la matière pour le comprendre. La magie est un ensemble de modifications de facteurs physiques entrainant des réactions « virtuelles ». Ainsi (pour donner un exemple) prononcer une phrase avec un certain rythme, selon la température extérieure, la position du soleil, la force du vent, et un geste bien précis fera apparaitre une boule de feu… De ce fait la magie peu s’apprendre mais elle demande une rigueur écœurante. En effet, les étudiants de Brakebills travaillent comme des malades, ils s’amusent assez peu, ce qui donne au roman un rythme étrange. Les personnages sont dans un spleen quasi constant, ils deviennent des zombies à force d’apprendre par cœur des méthode de calcul et les 5 années à Brakebills occupent « juste » la moitié du roman.
Frustrant ? Oui et non, le roman est frustrant car au lieu de partir dans des banalités que l’on a vu et revu (bal de promo, tomber amoureux, faire des jeux…) l’auteur s’est cantonné au cursus universitaire des héros et rien de plus (ou à peine) pour finalement se concentrer sur son univers et l’immersion qu’il tente de donner au lecteur.
Si vous souhaitez avoir une idée de la tronche de cette fac de magie, l’auteur américain à même réalisé un faux site : Brakebills.com
-
Le roman dans le roman
Chose assez rare dans un roman de ce type, l’auteur s’est amusé à créer une série de livre de fantasy jeunesse juste pour donner un point de référence aux héros (qui cite d’ailleurs deux fois Harry Potter comme point de comparaison dans le roman). Du coup l’auteur assume totalement la création d’un univers semi réaliste où les héros ont des références que nous lecteurs connaissons et que eux personnages peuvent nous faire découvrir.
Pour être plus clair, l’auteur a créé dans son roman un best seller (qui ressemble étrangement à Narnia) intitulé les Chroniques de Fillory. Son auteur (imaginaire) est même sensé être un ami de JRR Tolkien et CS Lewis (voir sa fausse biographie : ChristopherPlover.com ) Et la grande majorité des références, comparaisons liées à la magie seront faites en se basant sur cet univers…
-
Les Personnages ?
Pourquoi ai-je mis un point d’interrogation ? Outre le personnage principal qui est extrêmement détaillé au travers de sa morosité permanente, plusieurs personnages y sont décrits mais sans jamais atteindre le rôle officiel « d’acolyte » ou « d’ami ». Tout d’abord il faut savoir que l’école se base uniquement sur des résultats chiffrés et de ce fait, la compétition est omniprésente ! Dès le concours, Quentin comprend qu’il n’est pas ici pour se faire des amis ou avoir une copine. Il s’en fera mais les relations avec eux sont toujours alambiquées. De plus l’auteur prend un malin plaisir à traiter la sexualité des adolescents comme aller à la cantine prendre un nouveau plat. Oui, il y a du sexe ! Il y a des homosexuels, il y a du bizutage et il y a des partouzes ! Nous somme clairement sur un niveau différent, qui pourrait probablement choquer les plus jeunes (ou alors je me fait vieux con). Bref, l’auteur assume le coté Skins de son roman mais c’était le but pour s’adapter aux nouvelles générations. Et d’ailleurs notre personnage principal est balancé dans son univers sans aucun objectif. Dans la plupart des romans on doit sauver le monde, lui n’a RIEN A FAIRE, il se laisse transporter dans une vague de micro-évènements dont il se contrefout, disons-le clairement : il est dépressif !
-
Le ton donné
Sexe, dépression, études, alcool : l’auteur traite de maux que beaucoup d’adolescents actuels peuvent comprendre. L’univers qu’il a créé n’est ni bon ni mauvais il est le reflet de ce que nous connaissons avec quelques éléments en plus. Le temps se déroule à une vitesse impressionnante, les personnages étant soit en tain de travailler soit bourrés (oui l’alcool dans cette fac c’est comme du jus d’orange mais c’est également une réalité dans la plupart des écoles…). Les personnages sont sans arrêt dans leurs pensées, Quentin est un doux rêveur qui ne sait pas quoi faire de sa vie et qui cherche seulement à se divertir ou trouver une ligne directrice sans réellement jamais s’y accrocher.
Pourquoi le lire
Loin, très loin d’être moralisateur, ce roman est une claque de part son style et ce qu’il nous fait ressentir sur si peu de pages. Lev Grossman a réussit à traiter en un seul volume des sujets que JK Rowling n’a pas réussi/pu/voulu aborder en sept. Le fait que tout se passe à la Fac donne un aspect plus mature au roman et les personnages agissent toujours avec logique puisqu’ils sont par définition « plus intelligents que la moyenne ». Ce roman est tout simplement différent, il ne remplace aucun autre roman mais créé son propre style et est peut être le précurseur d’une nouvelle lignée de romans à mi-chemin entre réalité, spleen et fantasy dans un univers cru où les émotions passent au niveau secondaire.
De la balle. Je suis en train de lire la suite, là maintenant tout de suite.
Pauvre Quentin
Je l’ai ajouté à ma liste de romans anglophones à lire.
D’autres critiques encensent le côté mélancoli-dépressi-intello du truc, ça me branche bien.
A lire et à relire et à lire et regarder. moi grâce à ma tablette numérique j’arrive à concilier les deux