Suikoden II – PS1/1998
Trois ans après l’excellent Suikoden, Konami remettait le couvert avec une suite tout aussi savoureuse : Suikoden 2 !
Mais avant de vous donner mon point de vue, petit flashback sur une série qui marqua profondément toute une génération de joueurs.
C’est quoi Suikoden ?
Alors que Squaresoft et Enix régnaient sans partage sur le territoire des RPG console, Konami vient se jeter dans la bataille avec une licence qui fera date : Suikoden. L’originalité
tient principalement dans le fait que vous ne contrôlez pas un petit groupe de héros, mais tout une armée. Suikoden, c’est 108 personnes (également nommés les 108 étoiles) à recruter dans un univers médiéval-fantastique pour accroître vos forces. Si la grande
majorité peuvent se joindre au combat, certains se contenterons d’être des PNJ de luxe offrant quelques bonus à votre QG/armée.
En gros vous chinez les gars comme des jeux dans une brocante.
Sorti en 1995, le premier épisode est maîtrisé et s’installera immédiatement parmi les hits du jeu vidéo en général et du RPG en particulier. Une reconnaissance méritée.
Une vraie suite ?
Dans l’univers oui. Suikoden II prend place quelques années après le dénouement de son aîné (3 ans il me semble). On y retrouve bon nombre de figures connues du premier épisode et
les événements passés seront régulièrement cités, sans jouer un rôle majeur dans l’histoire. Car l’action se déroule dans un pays voisin. Ne comptez pas revisiter les mêmes lieux, vous seriez déçu.
Cela permet à la saga de s’émanciper tout en conservant sa grammaire. Une bonne chose ? Beeeeen : oui et non.
De l’euphorie…
Entamons l’aventure par les points positifs. On retrouve toute la maîtrise du premier opus, mais en mieux ! Graphiquement c’est toujours propre avec des textures encore plus fines
et détaillées. Même les zooms pixélisés ne vous feront pas loucher. Ajoutez à cela une direction artistique folle, sublimée par des arrières plans somptueux ! Suikoden II est la crème de la crème.
Vous l’aurez compris, le game design du jeu est une réussite. Tout comme son charac design qui réussit le tour de force de nous offrir 108 personnages charismatiques. Excusez du
peu !
Cette fois, les événements majeurs sont appuyés par des cinématiques de bonnes factures, même si on est loin de ce qui se faisant chez Squaresoft à la même époque (FF VIII et Xenogears
en première ligne).
Suikoden II brille également par son scénario. Plus sombre. Plus mature. Une trame plus travaillée que le premier épisode qui nous embarque dans cette lutte entre nations. Trame
certes peu originale mais qui concède quelques twists des plus sympathiques.
Mention spéciale au personnage Lucas Blight, un modèle d’antagoniste cruel et démoniaque juste pour le plaisir de dominer les autres. Et le garçon maîtrise son sujet de bout en bout
!
J-RPG oblige, Konami a glissé pas mal d’humour nippon pour dédramatiser le scénario pesant. On regrettera cependant que le comique de situation ne soit pas toujours employé à bon
escient.
Et cette OST ! Déjà responsable de la bande son du premier volet, Miki Higashino propose des compositions riches et superbes qui participent en grande partie à la magie Suikoden.
Rien n’est à jeter et chaque thème a sa personnalité. Une oeuvre majeure du jeu vidéo !
Clôturons le chapitre des points positifs par ce qui fait le charme de Suikoden : ses combats. Identique à l’épisode de 1995, votre équipe est toujours composée de 6 membres, tous
interchangeables (excepté le héros), et avec des compétences spécifiques. Avec 108 protagonistes à développer, cela vous donne la mesure des immenses possibilités qui s’ouvrent à vous. D’autant que les affrontements sont toujours aussi dynamiques et spectaculaires.
Et avant de poursuivre, notez bien que les temps de chargement sont relativement courts. On y pense plus beaucoup aujourd’hui, mais sur PS1 ce détail a toute son importance !
…à l’ennui
D’atouts, le second Suikoden de la franchise n’en manque pas. Mais il n’est pas sans défauts. Des défauts rageants tant ils auraient pu être éviter. Car si Suikoden II dispose des
qualités de son aîné, il en a aussi les défauts.
Et justement les combats. Techniques, beaux et dynamiques donc…Sauf que seuls les boss tireront pleinement parti des possibilités offertes par les combinaisons possibles. Le reste
du temps, c’est-à-dire 95 % des combats, il suffira de combattre en auto pour venir à bout des adversaires. Pas vraiment excitant sur un RPG de cette durée.
Car oui, cette suite est plus longue. Comptez une cinquantaine d’heures pour en venir à bout sans en faire le tour (j’ai mis personnellement 51 heures avec 87 étoiles). Ce qui était
donc digeste dans le premier opus qui se bouclait en moins de 30 heures l’est moins ici. 24 ans après sa sortie, le jeu souffre de gros problèmes de rythme où l’on se ballade souvent sur une map vide, enchaînant les combats sans enjeux. Et si le scénario est
vraiment intéressant, l’aventure ne vous laissera que très peu vous exprimer. Vous passerez d’arc en arc en vous contentant d’aller là où il faut aller. Au final, à trop être guidé, on finit par être plus spectateur qu’acteur. Hormis fouiller des villes, ou
les recoins des grottes, pour trouver vos partenaires d’armes, le soft ne vous laisse aucune liberté. C’est dommage.
Le jeu est également verbeux. Chose pas mauvaise en soit me direz-vous. Surtout que, contrairement au premier épisode qui restait dans la langue de Shakespeare, Suikoden II se voit
bénéficier d’une traduction 100 % française. Cocorico ! Hé bien non ! Car si elles ont le méritent d’être en français, on restera critique sur leur qualité. A faire de la traduction « mot à mot », quand il ne s’agit tout simplement pas de fautes (et j’en ai
vu !), les (trop) nombreux dialogues finissent par manquer la cible et nous laisse dubitatif.
Parlons également des phases de wargame. Efficaces dans Suikoden premier du nom, elles permettaient de varier intelligemment le gameplay, même si on était loin de ce que proposent
Final Fantasy Tactics et autres Disgaea. On les retrouve de nouveau mais…elles n’ont plus rien d’excitant.
Vous vous contentez passivement (y’a pas d’autres termes) de déplacer vos troupes pour ensuite lancer des attaques dès que la distance vous le permet. Vous disposez de quelques spéciales
selon les troupes, mais encore une fois, ça reste anecdotique. Idem pour la pseudo gestion qui reste anecdotique. Et en plus, la plupart d’entre eux ont l’outrecuidance d’être scénarisés. On en ressort avec un arrière-goût de pas cool. Fort heureusement, ces
phases sont peu nombreuses : ouf !
Que retenir ?
Maintenant que j’ai poussé mon coup de gueule, je peux conclure dans de bonnes conditions.
Oui Suikoden II est un bon jeu. Bien sûr qu’il est à mettre dans la liste des must have. Cependant force est de constater que l’expérience est égratignée par un rythme en dents de
scie qui invitera souvent vos paupières à se fermer si vous n’avez pas eu vos 7 heures de sommeil. Rageant !
Il reste malgré tout, je le répète, à mettre en haut du panier grâce à un scénario brillant et à un système de combat ingénieux. Et puis zut, c’est Suikoden quoi !
Ma note : 15/20