Tales of Phantasia / Game Boy Advance – 2003
« Si le mal existe en ce monde, il se cache dans le cœur des hommes »
C’est sur cette petite phrase que s’ouvre ce qui deviendra l’une des franchises les plus en vue du J-RPG. Si elle n’a rien de marquant en soit, elle a la particularité d’être digitalisée.
Fait assez rare pour être cité à l’époque, le jeu ayant été développé en 1994 pour sortir en fin d’année 1995 au Japon sur Super Nintendo.
Tales of Phantasia est d’ailleurs la cartouche la plus testostéronée de la SNES avec ses 48 Mégabits !
Pour mémoire, Chrono Trigger en avait 32 et Final Fantasy VI « seulement » 24.
La version qui nous intéresse aujourd’hui, parce que c’est celle à laquelle je joue, est la mouture GBA sortie en 2003 au japon, dispo à partir de 2006 en Europe et initialement
commercialisée en 1995 sur Super Famicom. Tu suis ? Ok alors on continu !
Cette version propose des effets graphiques un peu plus aboutis et colorés que son aîné. A condition de la faire dans de bonnes conditions. Par bonnes conditions j’entends sur DS,
car la gameboy SP ne lui rend pas justice, mais alors pas du tout. Graphismes ternes, sortie sonore aux fraises. Il faut dire que si la qualité du son en prend un coup par rapport à la SNES, elle s’en sort quand même bien sur DS qui relève un peu le niveau.
D’autant que l’OST de Tales of Phantasia est d’excellente facture, alors pourquoi se priver ?
De quoi ça parle ?
« Cless part à la chasse avec son meilleur ami, Chester. Traquant une bête, les deux jeunes hommes décident de se séparer. S’approchant d’un grand arbre mort, Cless reçoit alors
une vision d’un esprit lui disant « Ne blessez pas l’Arbre, je vous en prie ! » puis qui disparaît, lui laissant une vision fugace du grand arbre mort dans un état sain.
Alors qu’il est rejoint par Chester, l’alarme de la ville retentit subitement. À leur arrivée au village, une tragédie les attend : tout est en ruine et des cadavres jonchent les
rues. C’est alors que… » Ouais ok, merci Wikipédia, mais on va passer à la suite !
Comme tu le vois cher lecteur, le pitch est égal à celui de dizaines des productions japonaises sorties dans les 90 : un groupe d’ados qui deviennent malgré eux le seul rempart contre
les forces du mal. Bon, il y aura bien un petit twist, mais rien de bien nerveux. Un cliché hérité des nombreux scénarii déjà exploités dans les RPG. Cela dit, l’histoire reste très agréable à suivre grâce à ses personnages attachants et à son rythme qui ne
laisse pas de place au temps mort. Chose agréable : sur plus de 30 heures de jeu, j’ai passé maximum 2 heures à faire du leveling, ce qui est très peu pour l’époque et témoigne d’une progression maîtrisée.
De la nouveauté pour s’inscrire dans la durée
Très classique dans son écriture, Tales of se démarque dans la gestion de ses combats. Loin des standards en tour par tour, Tales of nous propose des affrontements en temps réel.
Mais pas à la Seiken desetsu. Pas à la Zelda. Non ! Ici on rosse l’ennemi façon street fighter en 2D.
En plus d’être étonnamment lisible pour l’époque, nous avons plaisir à bénéficier de possibilités assez variées :
Tales of Phantasia ne révolutionne donc pas le RPG, mais y apporte un dynamisme par un système de combat novateur et dynamique. Et quand on sait qu’on passe bien 50 % de notre run
sur cette partie, veuillez me croire que la fraîcheur est bienvenue. La suite donnera raison aux gars de chez Namco puisque ce style deviendra la marque de fabrique de la saga.
Et le jeu en lui-même ? Plus haut je faisais état
que le farming n’était pas vraiment nécessaire pour progresser dans le jeu. C’est une demi-vérité car les combats sont très (trop) fréquents. Alors oui en effet, cela évite de se balader 2 heures sur la map dans le seul but de leveler sa team, mais je ne vous
cache pas que par moment il est assez irritant de se voir combattre tous les 3 pas. Côté technique, ce Tales of surprend. Pas tant dans sa plastique car s’il est graphiquement joli, on est loin de la maestria de Squaresoft qui a placé la barre très haut sur
16bits avec FF VI, Chrono Trigger, Bahamut lagoon ou encore Seiken Desetsu 3. Il joue plus dans la cour d’un Terranigma, ce qui est déjà très bien !
Et s’il est graphiquement dans la moyenne, on ne manquera pas de saluer les arrières plans qui sont pour la plupart remarquables. Mais là où le soft impressionne, c’est sur la qualité
de son OST tant quantitativement que qualitativement. Alors oui, aucun morceau n’aura marqué l’histoire comme les compositions de Uematsu, mais chaque thème colle parfaitement à l’action. Je n’ai rien trouvé à jeter, tout est agréable à l’oreille. L’utilisation
de voix digitalisées, une prouesse sur le support, est aussi à souligner. Certes ce n’est pas grand-chose en soit : la citation d’ouverture et les attaques en cours de combat, mais cela favorise grandement l’immersion.
Quant à l’histoire, bien que classique, elle reste assez développée et on s’attache avec plaisir aux personnages. Si la quête principale vous tient facilement une trentaine d’heure,
les concepteurs ont également glissés quelques quêtes annexes pas inintéressantes. Bref, un bon RPG des familles qui vous tiendra dans ses serres pendant 40 bonnes heures.
Le charac design a également bénéficié d’un soin tout particulier pour rendre le groupe de héros attachants. Et si les traits te disent quelque chose, c’est normal. Les planches
ont été assurées par Kosuke Fujishima à qui l’on doit des mangas tels que Ha ! My Goddess ou encore You’re under arrest !
Un classique ?
Evidemment. J’avais adoré Tales of Symphonia qui fut ma première expérience en ce domaine, mais Phantasia est clairement une perle. Un classique par le fun qu’il dégage mais aussi
de part l’empreinte qu’il a apporté dans l’industrie. Un tableau qui n’est cependant pas sans tâches. Certes il a vieilli, et le plaisir qu’il procure tient moins par son scénario que par ses combats qui restent excellents. Le point noir qui m’a vraiment frappé
et son menu qui ne comporte aucun descriptif. Si l’habitude te fait dire qu’une fiole te panacée guérit et qu’une fiole vitale ressuscite ; il est plus galère de deviner à quoi correspond une gelée de citron ou une montre à gousset.
Bref : il faut tester pour savoir à quoi correspondent les items, ce qui n’est pas bienvenu.
Pour conclure
Rythmé, joli et dynamique, Tales of Phantasia est un concentré de 30 heures de nostalgie bienvenue malgré quelques défauts qui se font vite oublier tant cette parenthèse de rétro
gaming est un pur bonheur ! Un soft qui a marqué l’histoire du J-RPG…pour longtemps !
Ma note : 14/20